L'arthrose temporo-mandibulaire est l'arthrose de l'articulation de la mâchoire. Tout comme à la hanche ou au genou, elle traduit l'usure de toutes les structures articulaires (cartilage, os et ménisque). Elle se manifeste par des douleurs de l'articulation aggravées par la mastication, par des bruits articulaires à type de crissement qui sont dus aux frottements des deux surfaces articulaires usées (crâne et mâchoire) l'une contre l'autre. Quand elle est importante, elle entraîne une limitation douloureuse de l'ouverture de la bouche. L'arthrose temporo-mandibulaire semble parfois apparaître spontanément, peut parfois être l'aboutissement évolutif d'un dysfonctionnement temporo-mandibulaire ancien ou d'une véritable maladie rhumatismale. Le traitement classique par dispositif occlusal se montre bien moins performant que dans le cas général. La chirurgie est souvent nécessaire mais la réhabilitation prothétique des édentements postérieurs (pertes des dents postérieures), fréquemment associés à l'arthrose temporo-mandibulaire, reste indispensable.
Les dispositifs occlusaux peuvent se présenter de différente façon. Les deux types de dispositif occlusal les plus utilisés sont : - la gouttière de surélévation occlusale. C'est une sorte de "protège-dent" qui se cale sur une des deux arcades dentaires (généralement celle du haut) par une de ces faces et dont l'autre face est lisse. - le plan de morsure rétro-incisif. C'est un appareil qui se cale au palais et qui empêche l'engrènement des dents car il présente une surépaisseur en arrière des incisives. Ces dispositifs occlusaux empêchent l'articulé dentaire. Quand les anomalies de l'articulé dentaire sont à l'origine des symptômes, ces dispositifs occlusaux permettent leur élimination temporaire et donc la disparition ou l'amélioration des douleurs. Ils ont de plus un effet relaxant musculaire. En effet, il devient impossible de serrer les dents, cela empêche de solliciter les muscles de la mâchoire et fait donc céder, avec le temps, les cercles vicieux qui entretiennent le spasme musculaire. La disparition des spasmes musculaires entraînent la disparition des douleurs. De plus, en interdisant l'articulé dentaire, ils empêchent les parafonctions de pouvoir se manifester. Grâce à ces dispositifs, l'articulation temporo-mandibulaire et la mandibule se repositionnent dans leur position idéale sans être contrainte à une position traumatique liée aux anomalies de l'occlusion dentaire. La disparition d'un spasme du muscle ptérygoïdien latéral empêchera celui-ci de tirer en avant le ménisque. On peut ainsi espérer une disparition, tout au moins une amélioration d'un déplacement discal modéré et donc la disparition des lésions articulaires les plus modestes et encore réversibles. La gouttière occlusale se porte seulement la nuit. Elle est généralement bien tolérée. Le plan de morsure rétro-incisif peut se porter toute la journée. L'efficacité de ces dispositifs n'est pas immédiate. Il faut au moins deux à quatre semaines de port régulier pour juger de leur efficacité et quelques mois de plus pour pérenniser et améliorer les résultats obtenus.
Les dispositifs occlusaux permettent de faire céder les douleurs dans la grande majorité des cas parce que l'articulation et la mandibule se sont réplacées spontanément dans une position atraumatique indépendante des anomalies de l'articulé dentaire qui les contraignent habituellement à venir se positionner dans une position traumatique. Il convient donc de pérenniser ces résultats en éliminant les anomalies de l'articulé dentaire. Ceci permettra alors à l'articulation et à la mandibule de venir se positionner dans la position la plus atraumatique possible sans mise en place des dispositifs occlusaux. Selon les anomalies de l'articulé dentaire constatés, la réhabilitation de l'articulé dentaire se fera par: - réhabilitation prothétique ou implantaire, - orthodontie, - chirurgie orthognathique. Mais les traitements proposés alors sont souvent contraignants, parfois lourds et coûteux. La mise en route de ce type de traitement dépendra alors essentiellement de votre motivation. En cas d’impossibilité de réalisation de ce traitement, le port prolongé d’une gouttière de relaxation musculaire reste un pis-aller qui ne garantit pas la stabilité des résultats obtenus dans le temps et la non-évolutivité de la maladie.
L'indication chirurgicale est généralement posée après l'échec d'un traitement par dispositifs occlusaux. L'échec de ce traitement montre en effet que les anomalies de l'articulé dentaire, même si elles existent et même si elles ont probablement été à l'origine des troubles, n'expliquent pas les symptômes actuels. Les lésions articulaires sont telles qu'elles se sont autonomisées et qu'il devient nécessaire de les corriger pour améliorer les symptômes. Parfois, l'indication chirurgicale est posée d'emblée. Il s'agit alors souvent: - d'un problème d'instabilité articulaire majeur avec subluxations récidivantes, non douloureux - d'un problème de luxations récidivantes de la mâchoire, - de bruits articulaires sonores et socialement gênants, - d'une arthrose temporo-mandibulaire évoluée, - d'un blocage bouche fermée sévère et/ou prolongé dans le temps. Il existe deux grandes techniques chirurgicales: 1- l'arthroscopie temporo-mandibulaire qui à l'aide d'une petite caméra introduit dans l'articulation, permet de faire un bilan très précis des lésions articulaires, d'effectuer un lavage articulaire (qui élimine les facteurs favorisants l'inflammation articulaire et reconstitue une lubrification normale de votre articulation) et de lever des adhérences qui gênent les mouvements du disque articulaire. 2- l'arthrotomie temporo-mandibulaire qui nécessite d'ouvrir chirurgicalemnt l'articulation et permet un trés grand nombre de gestes. Selons les lésions constatées, on pourra alors remettre le disque à sa place, enlever le disque (s'il est trop usé) et parfois le remplacer, éliminer les irrégularités des surfaces articulaires, etc... afin de redonner une anatomie normale et/ou fonctionnelle à votre articulation. L'indication entre arthroscopie et arthrotomie dépend essentiellement des lésions que vous présentez.
Les autres traitements, en dehors des dispositifs occlusaux et de la chirurgie comportent: 1- les traitements symptômatiques: kinésithérapie de l'articulation temporo-manibulaire, physiothérapie, médicaments antalgiques et anti-inflammatoires. 2- la gestion du stress est parfois une notion importante.